mardi 22 juin 2010

Mon intervention du 21 juin 2010: Les suites de Xynthia, ce qu'il ne fallait surtout pas faire...


Xynthia, en Charente Maritime, restera dans nos mémoires comme une catastrophe climatique sans précédent, un désastre humain, écologique, économique.

Elle sera aussi un cas d’école – qu’on enseignera aux étudiants de Sciences Politiques – sur ce que les pouvoirs publics  ne doivent surtout pas faire à la suite d’un tel évènement.

Nous avons dit tout le mal qu’il fallait penser de la mise en place unilatérale de « zones noires », devenues « zones de solidarité » par la magie du verbe, qui apparaissaient non seulement contraires à la loi, mais aussi entachées d’arbitraire et d’injustice.

Ici même, une supplique a été faite par l’un de nos collègues lui-même sinistré, pour que l’on revienne au « contradictoire » qui est le fondement de la démocratie dans un pays évolué.

On pouvait croire que les élus allaient être entendus : or, il n’en est rien !

Toutes les questions, qu’elles soient d’ordre technique ou économique, restent sans réponse face à la confirmation pour l’essentiel de ce qui a été décidé d’en haut, à l’insu des populations concernées.

L’Etat qui doit être protecteur est ici destructeur. C’est suivant l’expression de Hobbes, un Léviathan  sourd et aveugle. On se croit revenu à l’Ancien Régime et à la monarchie absolue.

Un Etat destructeur qui non seulement brutalise les populations concernées mais qui dilapide l’argent public, car pour faire accepter ses décisions, il n’hésite pas à surévaluer les immeubles qu’il propose de racheter: aux Boucholeurs, c’est 15 à 20% de plus que le prix du marché, même chose à Charron,  l’Ile d’Aix et  Fouras. Et on demandera demain à ces mêmes communes, après avoir artificiellement renforcé l’inflation foncière en zone littorale, de créer des logements sociaux !

L’incertitude demeure sur l’implication de l’Etat dans la phase 2 du renforcement des protections littorales – à réaliser avant les marées de Septembre- et qui ne consiste qu’à rétablir les défenses existant avant la tempête. Il faut noter que certaines communes n’avaient reçu aucune information sur les travaux prévus avant la réunion du 14 Juin à l’EIGSI.

Concernant la phase 3, le plan digue mené en collaboration avec l’université, les échéances sont beaucoup plus lointaines. On nous parle de 3 à 4 ans d’études,  et pour le financement, c’est l’inconnu !
Mais comment expliquer aux personnes concernées ce décalage entre l’urgence d’être fixées sur le sort final de leurs biens et le terme hypothétique et lointain de cette réflexion.

A Charron, où des études avaient été menées depuis 8 ans et les discussions enfin conclues par un accord malheureusement pas encore mis en œuvre au moment de l’évènement, faudra-t-il tout remettre à plat ? Laisser dépenser des dizaines de millions d’euros pour le rachat de 180 maisons sinistrées alors que pour beaucoup moins on aurait pu en sauver une grande partie ?

Aux Boucholeurs d’Yves, pourquoi vouloir raser systématiquement les maisons sur la bande des 50 m afin de mettre en place à cet endroit une protection qui pourrait être située devant ces maisons? Comment peut-on faire semblant de demander à un maire de proposer des solutions pour sauvegarder son village, tout en refusant un sursis aux destructions annoncées ?

A Aix, l’Etat n’a pas permis de loger une personne sinistrée atteinte d’un mal incurable dans un appartement de fonction dépendant du Musée Napoléon, inoccupé depuis 2 ans !!! alors que le seul désir de cette victime est de passer ses derniers jours sur son île…

Face à cet Etat aveugle et sourd, à « ce monstre froid », les citoyens sont frappés par l’impuissance des élus nationaux de la majorité à renverser la situation …
Je pense au député UMP de Chatelaillon dont il faut certainement saluer les efforts, mais malheureusement en constater l’inefficacité. Je pense aussi au ministre président du Conseil Général, qui malgré son empathie pour les élus concernés, n’a rien pu faire au plus haut niveau pour juguler cette technocratie aux méthodes dictatoriales.

Le Conseil Général veut mener à bien « la création d’un dispositif global et cohérent des protections de notre littoral » (rapport 410). Espérons qu’il ne s’inspirera pas des méthodes de l’Etat et qu’il ne fera rien sans l’information et la concertation avec les populations et leurs élus.

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